La plupart s’engagent socialement. Ils se mettent au service des autres, de causes ou d’idées pour tenter d’améliorer ce monde. Ils se regroupent ou s’engagent dans des associations ou des partis politiques. Ils peuvent élaborer des nouveaux modes de vie très différents parfois incompatibles entre eux.

Or, les fondements de l’existence humaine donnent un éclairage qu’il serait salutaire de prendre en considération pour que cet élan pour le monde ne débouche pas sur une énième déception.

Le choix dans la dualité

Pour améliorer le monde, nous faisons des choix existentiels. Et compte tenu d’une conjoncture de plus en plus synonyme de tragédie polymorphe, des individus adoptent des postures nouvelles dans l’espoir de faire des choix plus judicieux, aux antipodes des postures antérieures jugées négatives ou destructrices.

Effectivement, nous nous sentons libres de choisir. Mais nous omettons que nos choix s’inscrivent dans un équilibre précaire, un déséquilibre permanent, qui échappe à notre compréhension et que l’on appelle la dualité. Tout relève donc de cycles, de mouvements qui ont souvent tendance à se répéter à travers le temps. Ainsi, les situations de complémentarités, peuvent devenir, à un moment, opposées pour redevenir complémentaires.

Notre pensée, elle-même, subit cette dualité car elle s’exprime par opposition-complémentarité et chaque argumentation induit d’autres argumentations, dans une spirale sans fin.

Les choix existentiels de l’être humain

Prenons un exemple très actuel de discussion : l’être humain face au choix entre complexité ou simplicité, dans le mode de vie quotidienne, de consommation ou de posture politique.

La pensée analyse ces termes comme des opposés ou des complémentaires dont la séparation pour la plupart d’entre nous n’est pas très nette. Notre pensée dualiste ne nous permet que trois formes de choix d’où découlent trois formes d’argumentations.

• Le « ou » de l’éradication

Nous tentons d’éradiquer un des deux opposés. Nous considérons ces opposés en rapport mais séparables. Par exemple : certains désirent mener ce monde à la simplicité, en optant par exemple pour des actions révolutionnaires, ou, en tout cas, suffisamment radicales qu’elles tendraient à faire table rase sur le passé. Ils décrivent ce cheminement comme un retour à l’essentiel, base d’un monde nouveau. Pour les adeptes de cette doctrine, la complexité doit être clairement définie pour être éradiquée car elle entraîne notre destruction. Ainsi, sont-ils convaincus que nous nous libérerions de la dualité. Par exemple, en considérant que les rapports de puissance ne seraient plus verticaux, qu’il n’y aurait plus de distinction criante entre privilégiés et individus communs.

• Le « ou » de l’assimilation

Autre cas de figure, nous tentons d’assimiler l’un des deux opposés pour rendre entier celui de notre choix. Le monde devient de plus en plus complexe et s’égare. Il nous faut revenir à la simplicité d’origine et à l’essentiel.

• Le « et » qui équilibre (« ou » déguisé)

Enfin, dans ce cas, nous réunissons les deux opposés dans un équilibre que nous construisons par rapport à notre analyse des deux et en lien avec l’image du monde que nous projetons. En somme, nous nous appliquerions à combiner les éléments constitutifs de divers systèmes pour les associer dans un même souci d’équilibre novateur…

Dès lors que nous argumentons pour des solutions visant par exemple, à moins de destructions, d’oppositions, nous nous inscrivons dans une démarche d’unification. Nous nous pressentons unificateurs et capables de mener ce monde à une autre réalité. Par exemple, un monde de paix, sans guerre, est un monde idéal unifié.

Quand nous nous mettons au service d’un groupe, d’une idée, d’une valeur, pour aider, pour être utile ou pour sauver la planète, notre argumentation est au service de notre intention unificatrice. Et cette démarche – individuelle avant tout – est foncièrement structurelle dans une action collective.

Notre pensée en faveur de l’unification nous donne une existence propre au sein de l’humanité et une raison personnelle d’exister dans ce monde. Il y a autant de voies d’améliorations, d’unifications, de mondes idéaux que d’êtres humains. Cette intention unificatrice nous met dans une opposition aux autres, bien que nous soyons dans l’idée de dialogue, de compréhension, de tolérance, de vivre ensemble. Car nous espérons être secrètement « ce qui » ou « celui qui » nous réunira dans notre réalité terrestre ou dans une autre réalité.

Seulement, le fait d’être dans ce projet nous met dans la peur ; la peur de ne pas pouvoir échapper à l’imperfection de ce monde et donc à l’inconnu du pourquoi de notre existence. Ce qui nous oblige à penser à « un avant » et à « un après » de l’être humain à notre convenance, afin de conforter notre utilité et notre intention dans ce monde.

Loin des peurs, l’introspection.

Aujourd’hui, les populations sont d’ailleurs souvent dirigées, orientées par des pôles décisionnels qui jouent de la peur du manque, la peur du chaos. La grande majorité suit dans le doute et l’attente.

Il en va de même pour autrui ; nous ne pouvons envisager de l’accueillir totalement dans sa différence et ses imperfections sauf si nous sommes dans l’idée de l’assimiler ou de l’améliorer à notre image. Nous vivons dans une peur d’autrui qui nous oblige à mettre des limites à toute complémentarité pour ne pas y disparaître comme dans une fusion.

En revanche, nous n’avons aucune limite dans nos oppositions ; nous pouvons éradiquer l’Autre. Le sachant, notre peur d’être éradiqué augmente encore notre méfiance de la complémentarité.

Une introspection profonde nous permettra de découvrir ce que nous avons mis en place dans nos vies du fait de notre intention unificatrice. En renonçant à être l’unificateur, nous accueillerons mieux l’autre, cela découle de notre structure humaine.

Nous évoluerons lentement par nos choix, nos rencontres car l’unification se libérera dans notre argumentation.

Nous qui voulons prendre des responsabilités dans ce monde, nous devrions regarder ce qui se cache derrière nos certitudes, nos convictions et nos espérances.  En prenant cette responsabilité de l’unification, nous n’édifierions pas un monde basé sur la tolérance, la bienveillance, un « vivre ensemble » raisonnable au service de nos intentions personnelles. Nous ne sommes pas appelés à vivre ensemble en nous supportant, en nous tolérant mais à nous rencontrer dans la réciprocité.

Le choix dans la dualité

Pour améliorer le monde, nous faisons des choix existentiels. Mais que faisons-nous quand nous choisissons, ou plutôt, que pouvons-nous faire ?

Effectivement, nous nous sentons libre de choisir, mais pris dans une complexité qui nous dépasse et à laquelle nous participons grandement. Le vivant est fragile et il est maintenu par un équilibre précaire, un déséquilibre permanent, qui échappe à notre compréhension et que l’on appelle la dualité. La dualité se traduit par un mouvement, un cycle, où tout ce qui est complémentaire devient opposé pour redevenir complémentaire. Tout naît et meurt pour réapparaître sous une autre forme, car le vivant et notre univers évoluent sans cesse. Rien ne se duplique à l’identique.

Notre pensée, elle-même, subit cette dualité car elle s’exprime par opposition-complémentarité et chaque argumentation induit d’autres argumentations, dans une spirale sans fin.

Les choix existentiels de l’être humain

Prenons un exemple très actuel de discussion : l’être humain face au choix entre complexité ou simplicité.

La pensée analyse ces termes comme des opposés ou des complémentaires dont la ligne de différenciation pour la plupart d’entre nous n’est pas très nette. Notre pensée dualiste ne nous permet que trois formes de choix d’où découlent trois formes d’argumentations.

• Le « ou » de l’éradication

Nous tentons d’éradiquer un des deux opposés. Nous considérons ces opposés en rapport mais séparables. Par exemple : certains désirent mener ce monde à la simplicité. Ils décrivent ce cheminement comme un retour à l’essentiel, base d’un monde nouveau. La complexité doit être clairement définie pour être éradiquée car elle entraîne notre destruction.

Nous nous libérerions de la dualité.

• Le « ou » de l’assimilation

Nous tentons d’assimiler l’un des deux opposés pour rendre entier celui de notre choix. Le monde devient de plus en plus complexe et s’égare. Il nous faut revenir à la simplicité d’origine et à l’essentiel. La complexité étant une émergence de cette simplicité d’origine, elle va s’estomper si nous retournons à la simplicité. Nous nous libérerions de la dualité.

• Le « et » qui équilibre (« ou » déguisé)

Nous réunissons les deux opposés dans un équilibre que nous construisons par rapport à notre analyse des deux et en lien avec l’image du monde que nous projetons. Par exemple : la complexité ne saurait exister sans la simplicité. Nous argumentons en donnant des exemples concrets, ce qui nous oblige à les définir, les séparer très arbitrairement pour les réunir à notre convenance. Nous nous libérerions de la dualité.

Nous constatons que les trois formes de choix découlent d’une connaissance que nous pensons avoir de l’unification et qu’ils contiennent l’intention bienveillante d’unifier ce monde. Dès lors que nous argumentons pour des solutions visant par exemple, à moins de destructions, d’oppositions, nous sommes dans cette intention unificatrice. Nous nous pressentons unificateurs et capables de mener ce monde à une autre réalité. Par exemple, un monde de paix, sans guerre, est un monde idéal unifié que notre pensée dualiste ne peut qu’imaginer. Quand nous nous mettons au service d’un groupe, d’une idée, d’une valeur, pour aider, pour être utile ou pour sauver la planète, notre argumentation est au service de notre intention unificatrice, cela nous est structurel. Nous avons tous une argumentation personnelle qui évolue, mais qui a un fil conducteur souvent bien caché. Autour de ce fil conducteur, s’édifie notre personnalité.

Le fait d’avoir une argumentation personnelle issue de cette connaissance pressentie de l’unification, nous donne une existence propre au sein de l’humanité et une raison d’exister dans ce monde. Il y a autant de voies d’améliorations, d’unifications, de mondes idéaux que d’êtres humains. Cette intention unificatrice nous met dans une opposition aux autres. Car bien que nous soyons dans l’idée de dialogue, de compréhension, de tolérance, de vivre ensemble, nous espérons secrètement être « ce qui » ou « celui qui » nous réunira dans notre réalité terrestre ou dans une autre réalité. Seulement, le fait d’avoir ce projet nous met dans la peur ; la peur de ne pas pouvoir échapper à l’imperfection de ce monde et donc à l’inconnu du pourquoi de notre existence. Nous ne pouvons pas accueillir ce monde tel qu’il est sans perdre notre existence propre, notre utilité et notre intention dans ce monde. Il en va de même pour autrui, nous ne pouvons envisager de l’accueillir totalement dans sa différence et ses imperfections sauf si nous sommes dans l’idée de l’assimiler ou de l’améliorer à notre image. Nous vivons dans une peur d’autrui qui nous oblige à mettre des limites à toute complémentarité pour ne pas y disparaître comme dans une fusion. En revanche, nous n’avons aucune limite dans nos oppositions, nous pouvons éradiquer l’autre.  Le sachant, notre peur d’être éradiqué augmente encore notre méfiance de la complémentarité. A cause de notre structure commune et de notre projet, nous maintenons plus d’opposition que de complémentarité dans ce monde car cela nous est nécessaire, en attendant…

Au service de notre intention  

La pensée conçoit une origine à l’être humain qu’elle nous propose sous deux origines opposées/complémentaires, une matérielle et une spirituelle. Ce que nous pensons être, avoir été, devenir, ou voué au néant dépend de notre choix arbitraire entre esprit et matière par éradication, assimilation, équilibration. Certains d’entre nous vont tracer des voies vers un aller ou un retour dans l’origine choisie, en divinisant ou pas l’origine. D’autres vont donner une fin à l’être humain. La grande majorité suit dans le doute et l’attente.

Suivant notre choix entre esprit et matière, nous voyons notre intention unificatrice comme une réalité, une illusion, une faute culpabilisante, une projection évolutive de l’ego ou non, un défaut irrémédiable etc. Nous définissons notre environnement comme un passage en vue d’un au-delà plus ou moins favorable, comme un champ d’étude pour comprendre notre origine, un épiphénomène appeler à disparaître et nous avec, etc. Nous pensons ne pas subir notre structure car nous nous présumons libres de choisir nos destins. Quand nous argumentons avec autrui, nous exprimons, souvent inconsciemment, notre « pourquoi » de la vie, même si nous proclamons son non-sens.

Une conscience de l’unité

Toutefois, dans la structure même de notre existence propre apparaît une quatrième possibilité de choix qui est le « et » qui réunit. Notre réflexion la perçoit comme une évidence, mais notre pensée ne peut concrétiser ce qu’est la réunion de deux opposés. L’unification est présente dans notre structure, elle nous habite et pense en nous, ce qui explique que nous la concevons. Elle se propose et se révèle à nous et au monde dans des « instants » par des élans qui nous lancent irrésistiblement les uns vers les autres, vers la nature et le monde dans un sentiment de réunion. Cette « présence » de l’unification, se vivifie en nous quand nous acceptons d’effectuer une descente vertigineuse en nous-mêmes et de révéler ce que nous avons découvert. Notre raison va se cabrer à l’idée de lever le voile sur notre façon arbitraire de choisir entre esprit ou humain, origine spirituelle ou matérielle, de repérer les projections qui en découlent, de dévoiler notre système de comportements au service de notre projet personnel unificateur.

Nous tirons le fil conducteur de notre personnalité cachée derrière notre intention unificatrice et découvrons comment en rencontrant l’autre nous pourrions nous harmoniser et porter l’unification dans le monde. En toute logique, cette manifestation de l’unification est personnelle, unique et en lien avec nos mondes améliorés ou idéaux. Elle manifeste ce qui nous rendrait moins opposé aux autres et ce qui nous rapprocherait. Nous vivons et réalisons aussi qu’en allant vers l’unification, nous existons pleinement, ce qui diminue notre peur en général. Quand certains parleront d’amélioration du monde, nous penserons simplement à l’élan, tout en œuvrant ensemble.

C’est le chemin d’une humanité qui s’incarne. Vivre ce dont nous avons parlé, s’offre à tous ceux qui ressentent cet « élan » pour notre terre. L’être humain est le seul apparemment à avoir cette conscience de l’unification, ce qui le rend responsable. Dans ce choix de prendre ou de refuser cette responsabilité nous sommes totalement libres et seuls.

Nous qui voulons prendre des responsabilités dans ce monde, nous devrions regarder ce qui se cache derrière nos certitudes, nos convictions et nos espérances. En prenant cette responsabilité pour se mettre au service du vivant, nous n’édifierions pas un monde basé sur la tolérance, la bienveillance, un « vivre ensemble » raisonnable au service de nos intentions personnelles. Nous ne sommes pas appelés à vivre ensemble en nous supportant, en nous tolérant mais à nous rencontrer dans la réciprocité.

Bien que cela soit une proposition de la vie, vivre le « et » de l’unification n’est pas encore véritablement envisagé. Des voix s’élèvent de plus en plus nombreuses en Orient comme en Occident depuis un siècle. Des méthodes qui visent à prendre conscience des entraves et aller faire évoluer apparaissent. Certaines méthodes passeront plus par le mouvement, comme par exemple le Kinomichi d’un maître japonais d’arts martiaux, Maître Masamichi  Noro, qui écrivait : « Il faut réaliser le Ki (souffle harmonisateur) sur terre en même temps qu’il nous réalise. » D’autres méthodes sont plus intellectuelles. « La mémoire de l’origine », créée par l’auteur de cet article, va dans ce sens.